Fabien Galthié vient de livrer la première sélection du second cycle de son mandat de sélectionneur. Sauf catastrophe, il devrait disposer de quatre années supplémentaires pour tenter de faire remporter une coupe du monde au XV de France. Après la déception vécue à domicile, et l’élimination prématurée des Bleus en quarts-de-finale, il a fait face à de nombreuses critiques, en particulier sur ses choix de sélection. Et la dernière liste en date, réduite de 42 à 34 suite aux négociations menées par la FFR avec la LNR, ne fait pas exception.
Il est toujours délicat pour un sélectionneur de repartir sur un nouveau cycle, quel qu’ait été le résultat du précédent. En particulier se pose la question de la gestion du groupe sur lequel il s’est appuyé jusqu’à présent, dont la moyenne d’âge est suffisamment basse pour qu’un grand nombre des joueurs qui le composent puissent envisager de disputer la prochaine édition de la coupe du monde. Fabien Galthié a déjà prévenu qu’il opterait pour une forme de continuité, et la vingtaine de noms couchés sur sa liste de 34 en témoigne.
Parmi eux figurent les deux pré-retraités Uini Atonio et Romain Taofifenua, qui ont accepté de revenir sur leur décision prise à chaud en novembre dernier, et Paul Gabrillagues, plus vu en bleu depuis quatre ans. Leur présence ne doit pas seulement à leur talent. Le vivier de piliers droits et de deuxièmes-lignes “physiques” n’est en effet pas des plus riches actuellement et l’arrivée d’Emmanuel Meafou en potentiel numéro 5 ne change rien au fond. Reste que l’absence de Paul Willemse a été beaucoup commentée. Le trentenaire, sur lequel ne semble pas tabler Fabien Galthié pour 2027, a peut-être aussi fait les frais de son début de saison. Cette non sélection ravira certainement Bernard Laporte, dont on connait les liens d’amitiés avec le sélectionneur, qui pourra compter sur son deuxième-ligne durant la période des doublons. Quant à Posolo Tuilagi, son âge (19 ans) joue pour lui. Gageons qu’il fera son apparition à l’été avec la tournée éponyme qui est précisément programmée pour mettre le pied à l’étrier aux “cracks” en puissance.
S’il a clairement indiqué ne pas vouloir faire table rase du passé, Fabien Galthié n’en est pas moins ouvert à la nouveauté, comme l’illustre l’apparition de nouvelles têtes. Certaines n’étonnent guère, comme Nicolas Depoortere, trois-quarts centre aux allures de Yannick Jauzion ou Nolan Le Garrec qui, malgré son jeune âge (21 ans), n’en est pas moins programmé depuis longtemps pour occuper le numéro 9 des Bleus. L’absence de l’indéboulonnable Antoine Dupont lui permet de postuler au groupe des 34, alors que Maxime Lucu, le patron d’une UBB en pleine réussite, devrait endosser la tunique de titulaire.
Moins attendus, les Toulonnais Matthias Halagalu en deuxième-ligne et Esteban Abdadie, en troisième, voit sanctionnée leur belle éclosion en Top 14. Enfin, il faut signaler la surprise Antoine Gibert, qui coiffe un autre Antoine, Hastoy, dans la liste des demis. L’ouvreur du Racing92, qui a le même âge que son concurrent rochelais, devra profiter de la longue absence de Romain Ntamack pour faire ses preuves derrière l’actuellement incontournable Matthieu Jalibert.
On le sait, la gestion d’une sélection ne peut désormais reposer sur la seule stratégie des “hommes en forme”. Elle doit s’appuyer sur le temps long et prendre en compte l’apport de tel ou tel élément dans les schémas tactiques mis en place. C’est certainement à ce titre que Gaël Fickou et Melvyn Jaminet figurent dans la liste quand certains auraient vu d’autres noms, comme celui de Romain Buros. Les deux internationaux ne sont pas à leur meilleur, mais ils sont indispensables au sélectionneur. Au moins pour l’instant.
D’ici l’entrée en lice du XV de France, le 2 février prochain face à l’Irlande, une journée de Champions cup et une de Top 14 se seront déroulées. Au vu des joutes de la semaine dernière, il n’est malheureusement pas impossible que des blessures ne chamboulent la liste de Fabien Galthié. Mais il est tout aussi certain que la teneur n’en sera pas modifiée : pour ce nouveau départ, un audacieux mélange d’anciens (par l’expérience, surtout) et de novices devra donner l’impulsion initiale d’un groupe qu’il faudra patiemment façonner en vue d’atteindre ce qui reste, pour l’instant, l’inaccessible étoile d’une coupe du monde.