Bernard Laporte, pour ré-écrire l’histoire

Condamné fin 2022 pour des faits de corruption, Bernard Laporte fait son retour dans le rugby français, par la grâce d’un contrat offert par son vieux complice Mohed Altrad, qui fait de lui le nouveau directeur du rugby du Montpellier Hérault Rugby. Peu importe, semble-t-il, que la sanction prononcée par le tribunal prévoie l’exclusion de toute fonction dans le rugby. Le sursis ayant été prononcé dans l’attente de son jugement en appel, la question ne se pose pas, du moins dans l’immédiat.

Cette fois, on peut être certain que l’ancien président de la Fédération française de rugby parviendra sans trop de difficulté à exécuter ses clauses contractuelles, tant la fonction correspond vraiment à ce qu’il est : un rugbyman de terrain, meneur d’hommes hautement qualifié pour la mission qui lui a été confiée : sauver le MHR d’un naufrage annoncé, la formation, championne de France en 2022, pointant actuellement à une piteuse dernière place du Top 14.

Bernard Laporte s’est entouré d’un staff dont, il faut l’avouer, on se demande si les étincelles qu’il produira se limiteront à l’aire de jeu. Car les Patrice Collazo, Vincent Etcheto et Christian Labit ne sont pas précisément des caractères faciles et leur cohabitation méritera d’être regardée avec intérêt.

Le MHR, qui ne compte que six points en sept journées de championnat, peut-il éviter la relégation ? La réponse est clairement “oui”. Il reste 19 matchs à jouer et l’effectif montpelliérain est de grande qualité. Il ne faudra pas que Laporte et ses adjoints traînent trop en route, mais l’objectif du maintien est très largement à la portée du nouveau directeur du rugby du MHR. Quant à voir plus loin, à savoir le barrage, la marche paraît beaucoup trop haute. Mais après tout, Bernard Laporte a déjà écrit de jolies pages en Top14 avec le Stade français puis Toulon et pourrait bien réitérer avec Montpellier. On le sait, il n’est pas homme à se fixer des limites.

Des limites, “Bernie” ne s’en donne pas non plus lorsqu’il s’agit de critiquer son successeur à la tête de la FFR, qu’il accuse d’avoir une part significative de responsabilité dans l’échec du XV de France en coupe du monde, au motif de n’avoir pas assez pesé “politiquement” sur World Rugby. C’est du moins ce qu’on peut conclure des propos quelque peu cryptiques tenus par Bernard Laporte sur ce point.

Il convient de se demander ce que Florian Grill, porté à la présidence fédérale trois mois avant le début de la compétition, aurait bien pu faire pour améliorer la réceptivité de l’instance internationale aux préoccupations françaises en matière d’arbitrage, puisque c’est certainement à cela que fait allusion l’ancien titulaire du poste durant plus de six ans. Six années qui auraient certainement dû permettre à l’intéressé de faire progresser les intérêts tricolores au sein de l’institution.

Bernard Laporte pourra peut-être réécrire l’histoire du MRH, mais pas celle de sa présidence de la FFR. Car les faits sont têtus : pas plus qu’un autre il n’est parvenu à changer le regard des dirigeants anglo-saxons sur ce rugby français qui, malgré ses succès, reste toléré plus qu’il n’est invité à la table des grandes nations du rugby mondial.

Et ce n’est certainement pas sa condamnation, qui lui a valu de se voir fermement invité à quitter ses fonctions au sein de World rugby, qui aura modifié cette perception.

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