Pour leur dernier match du Tournoi 2024, dans la capitale de la gastronomie, le XV de France a proposé à ses supporters une spécialité locale, le genre de plat canaille qui ravit les papilles et provoque une agréable satiété, mais dont on se dit qu’il ne faudrait pas en faire son quotidien, au risque de s’en rendre malade.
Face aux Rosbeefs, les Bleus ont opposé leurs tripes, d’abord pour imposer leur domination, ensuite pour afficher leur résilience après un fâcheux trou d’air autour de la mi-temps, qui a rappelé la mauvaise tambouille à laquelle ses fans furent habitués une bonne décennie durant. Enfin, de tripes il fut pleinement question pour Thomas Ramos lorsqu’il se présenta à 50 mètres des perches pour inscrire à une minute du terme de la rencontre la pénalité de la gagne.
Il est certainement prématuré de dire que la déception majuscule de la Coupe du monde est définitivement digérée. Les remontées acides constatées pendant le Tournoi et pas seulement lors du match inaugural face à l’Irlande ont été trop récurrentes pour s’en convaincre. Mais les deux dernières levées de la compétition ont quand-même rassuré sur le proche avenir de ce XV de France que certains voyaient (espéraient ?) déjà en crise de foi.
L’arrivée dans l’équipe “premium” de nouvelles et jeunes têtes bien faites et le retour attendu de plusieurs patrons (Dupont, bien entendu, mais aussi Ntamack ou Jelonch) permettent d’espérer que les Bleus poursuivent leur montée en puissance au fil des mois.
La rencontre face à l’Angleterre a concentré toutes les espoirs et les interrogations qui entourent le XV de France. Le retour d’une combativité sans laquelle aucun succès international n’est possible et la capacité à exploiter la moindre occasion pour s’offrir un festin de miettes, l’utilisation raisonnée (à défaut d’être toujours efficace) du jeu au pied et la volonté de varier les solutions offensives, la conquêtes retrouvée, sont autant de signaux positifs pour l’avenir. L’imprécision sur certains gestes ou positionnements en attaque (que d’en-avants de passes !) et, surtout, les largesses offertes à l’adversaire en défense sont en revanche des chantiers prioritaires pour Fabien Galthié et son staff.
Malgré une discipline retrouvée, c’est sans conteste le domaine de Shaun Edwards qui interroge le plus. Certes le positionnement de Nicolas Depoortère, second centre depuis ses débuts chez les pros, et la fragilité défensive récurrente à l’ouverture en l’absence de Romain Ntamack (Matthieu Jalibert puis Thomas Ramos ont fait les frais des velléités d’attaques adverses dans leur zone) peuvent expliquer les contre-performances tricolores dans ce secteur. Mais le mal semble plus profond que cela et il va falloir y remédier pour espérer davantage qu’une deuxième place dans le Tournoi des six nations.
Au final, ce France – Angleterre a rappelé que perdre une étoile n’a pas transformé du jour au lendemain le train bleu en gargote. Le chef va devoir se remettre au travail pour retrouver la précision qui signe la marque des grandes maisons. Et personne ne lui demandera, pour un temps au moins, de rendre son tablier.