Cinq défaites, dont trois à domicile, un match nul et deux victoires, voilà le triste bilan de la première journée de Champions cup. C’est un constat d’évidence, les représentant du Top 14 ont connu une entrée en matière des plus poussives.
Rappelons que la nouvelle-nouvelle-nouvelle formule de la Champions Cup a réparti 24 clubs et franchises (ça en fait des champions !) dans quatre poules qualificatives de six. Les équipes disputeront quatre rencontres, deux à domicile et deux à l’extérieur. Les clubs et franchises d’un même championnat ne s’affronteront pas et il n’y aura pas de phases aller-retour. Les quatre formations les mieux classées se qualifieront pour les huitièmes de finales. Vous suivez ?
Il est évidemment trop tôt pour parler d’hypothèques sur les chances de qualification, mais il ne faut pas être sorti de polytechnique pour comprendre qu’un revers compromet au moins celles d’un huitième disputé sur son terrain. Sans parler de la difficulté de s’imposer à l’extérieur : une défaite, qui plus est à domicile, constitue donc un handicap de taille pour la suite de la compétition.
L’autoproclamé meilleur championnat du monde aura donc vu son finaliste 2023, le Stade rochelais, tenant de la Champions Cup, chuter devant le Leinster au terme d’un match où il aura fait preuve d’un manque de lucidité assez criant, préférant chercher l’essai plutôt que les points de pénalités tentables. Cédant peut-être à la tentation de châtier un adversaire dont il savait l’esprit plus que revanchard, les Rochelais ont répondu dans le défi, pas dans l’intelligence, ce qui n’est jamais une bonne idée au rugby, ce “jeu d’échecs disputés en courant”, comme on a pu le dire doctement.
Le Stade toulousain a, quant à lui, donné le sourire à ses supporters en inscrivant plus de 50 points dans son match inaugural. Si le détenteur du Bouclier de Brennus a fait chanter le cuir malgré des conditions atmosphériques dégradées, et offert à Antoine Dupont l’occasion de moucher quelques nez pas très creux, il ne faut pas oublier qu’en face se présentait Cardiff et une ribambelle de jeunes joueurs inexpérimentés. Pas de quoi pavoiser, donc, pour le club haut-garonnais.
L’UBB peut certes s’enorgueillir d’avoir gagné en terres irlandaises, ce qui n’est jamais une formalité, mais sur le terrain du Connacht, la moins forte des provinces de la verte Erin. Attendons la prochaine rencontre face aux Anglais de Bristol pour en savoir un peu plus sur le potentiel européen du club bordelais. Bayonne, l’autre club français à avoir franchi la mer d’Irlande pour cette première journée, a accompli une forme d’exploit en réussissant le nul à Thomond Park, l’antre quasi-imprenable du Munster. On peut certainement parler d’exploit pour une formation qui découvrait la compétition et qui n’avait pas tout à fait envoyé sa formation “premium”, selon l’expression aujourd’hui consacrée
Pour le reste, c’est déconvenue et compagnie, la palme revenant au Racing 92, emporté dans sa salle par le tourbillons offensif imposé par Marcus Smith, qu’on n’avait pas vu jouer ainsi depuis des lustres (avec zéro pas-de-l’oie de surcroît) et ses copains des Harlequins.
Est-ce l’impression laissée par les dernières phases finales de Champions cup et le sentiment que, malgré la défaite prématurée du XV de France en coupe du monde, le rugby tricolore semblait au-dessus de celui de nos amis Anglais, qui ont contribué à imaginer que cette première journée serait bien plus réussie ? A l’issue de ce week-end inaugural, le constat est clair : les Anglais ont tiré les premiers, et il va falloir travailler côté français pour revenir à des standards plus en accord avec des prétentions de domination européenne. Et ce d’autant plus que, de leur côté, les Irlandais du Leinster ont visiblement envie de mettre fin à leur série noire dans une compétition qui est, année après année, le véritable objectif de leur saison.
Le plaisir de retrouver les joutes internationales a été quelque peu gâché, le week-end dernier, par la pluie de mauvais résultats. Pour le moment, la Champions cup est à moitié vide. Espérons meilleure fortune dès vendredi (Bayonne – Glasgow) pour nos représentants et un ciel tricolore un peu moins chargé à l’issue de la deuxième journée.