Les deux informations sont tombées à quelques jours d’intervalle et elles ne sont pas sans présenter des points communs, dont le premier est de concerner deux internationaux du Stade toulousain : Antoine Dupont disputera les Jeux olympiques avec l’équipe de France de rugby à 7 et Melvyn Jaminet va rejoindre le Rugby club toulonnais dès cette saison.
Ce qui n’était jusque là qu’une rumeur a pris de la consistance avant que la Fédération ne confirme définitivement l’information. Antoine Dupont va prendre une année sabbatique avec la sélection nationale de son code d’origine pour tenter un nouveau challenge, et pas des moindres : tenter de remporter une médaille avec une équipe actuellement classée quatrième dans la hiérarchie internationale du moment.
Ce pari n’est pas sans risque, sinon pour la santé, du moins pour l’image de marque du capitaine du XV de France. Car si les deux disciplines se jouent avec le même ballon et sur un terrain aux mensurations identiques, nombreuses sont les caractéristiques qui les différencient : le rythme, l’intensité ou la gestion des courses ne sont clairement pas les mêmes. Mais comment douter des capacités physiques et de l’intelligence de jeu de Dupont ?
Le Toulousain est un compétiteur né, et l’objectif qu’il s’assigne est à la hauteur de son talent. La déception de l’échec en coupe du monde a certainement nourri sa réflexion, tout comme l’attrait incomparable des JO. Comment l’en blâmer ? Évidemment, les esprits chagrins trouveront injuste l’éviction de l’un des membres du squad qui devra laisser sa place à Antoine Dupont. Mais celui-ci disputera plusieurs matchs avant le Tournoi olympique, et on peut penser qu’il ne rejoindra la sélection olympique que s’il estime avoir fait ses preuves lors des épreuves de préparation. Le joueur est un champion et son niveau d’exigence personnelle conditionnera certainement sa participation à la conviction qu’il peut vraiment être un atout pour l’équipe. Et si certains se demandent ce qu’Antoine Dupont pourra apporter au 7 de France, on voit bien ce que le 7 de France lui apportera : un surcroît de sens du jeu et une forme olympique dont il fera bénéficier ses partenaires de la Ville Rose comme ceux du XV national.
Pour Melvyn Jaminet, les enjeux sont très différents. Peu utilisé à Toulouse, en concurrence féroce avec Thomas Ramos et Ange Capuozzo, blessé durant quatre mois depuis son arrivée à l’inter-saison 2022-2023, le natif de Hyères va rejoindre le RC Toulon où il espère bien se faire une place de titulaire dans un effectif taillé pour le haut de tableau du Top14. Certes, le RCT est encore loin de donner satisfaction à ses exigeants supporters, mais on sent qu’il suffirait de presque rien pour la machine rouge-et-noire ne redémarre pour de bon.
Et Melvyn Jaminet pourrait bien y contribuer. Buteur haute fiabilité, doté d’un coup de pied d’une rare longueur, intéressant ballon en main et à l’aise dans les airs, l’arrière international a tout pour réussir sur ses terres natales et faire regretter aux dirigeants toulonnais de l’avoir laissé filer lorsqu’il était un jeune joueur trop frêle pour les canons de l’époque.
Pour Jaminet, l’enjeu est de se tailler un costume de favori au poste d’arrière du XV de France. Plus jeune de quatre ans que Thomas Ramos, il a une carte à jouer en vue de la prochaine coupe du monde. Et même s’il y a certainement des paramètres financiers dans le choix du joueur et de Toulouse d’accepter ce transfert, il ne faut pas minimiser l’effort consenti par Melvyn Jaminet pour sortir d’une forme de zone de confort dans laquelle il se trouvait.
Pour lui comme pour Antoine Dupont, le rebond sera délicat à négocier. Mais l’un comme l’autre ont certainement plus à y gagner qu’à y perdre.